Les femmes-girafes : attraction touristique birmane

Dans l’Est birman, au cœur de l’Etat Kayah, les « femmes-girafes » de la minorité ethnique de Padaung interpellent, effraient ou fascinent. Mais comment doit-on réagir lorsque ce symbole traditionnel de beauté devient attraction touristique ?

Dès l’âge de cinq ans, les petites filles commencent avec une dizaine d’anneaux de bronze autour du cou. Au fil des années, elles en ajoutent un jusqu’à atteindre l’âge adulte. Une femme peut, ainsi, porter jusqu’à vingt-cinq cercles, soit environ cinq kilos de métal qui compressent les épaules et les clavicules. En effet, à l’inverse de ce que l’on peut croire, cette pratique, semblable à une torture pour nous occidentaux, compresse davantage les épaules et les clavicules qu’elle n’étire le cou. L’origine de cette tradition est aujourd’hui encore vague. Selon une légende, les femmes portaient des anneaux pour se protéger des tigres qui attaquent leur proie au niveau du cou. Les hommes, quant à eux, portaient des masques représentant des visages dans le dos. Bien que les masques et les anneaux soient de moins en moins d’actualité et que bon nombre de femmes délaissent ces  attributs qui les obligent à regarder toujours droit devant, certaines portent encore le flambeau de cette tradition.

A Panpet, elles sont une trentaine à multiplier les anneaux autour de leur cou. Malheureusement, la plupart d’entre elles résident, la majeure partie de l’année, en Thaïlande, non pas pour le plaisir mais bien en tant que curiosité touristique. Elles passent leur journée à vendre des souvenirs et font la joie des touristes, ravis de ramener de magnifiques photos exotiques à montrer à toute la famille.  Certains villages sont devenus spécialistes de cette attraction touristique fournissant un salaire de 3 000 bahts (70 euros) par mois à ces « femmes-girafes ».

Bien que cette particularité physique puisse fournir un revenu non négligeable pour ces femmes, le défilé des curieux pose une question éthique. Nous avons le sentiment de revenir à l’époque des zoos humains où les nains, les noirs ou encore les grands étaient exposés aux folies bergères. Ces femmes maintiennent-elles cette pratique par tradition ou par nécessité ? A nous touristes, d’apprécier la différence sans faire de voyeurisme.